Introduction de Chiara Pesaresi

COLLOQUE INAUGURAL DE LA CHAIRE D'UNIVERSITÉ VULNÉRABILITÉS

Chiara Pesaresi, Maître de conférences en philosophie à l’UCLy et Directrice scientifique de la Chaire d’Université Vulnérabilités, participe à travers son intervention introductive à mettre en perspective les enjeux et l’urgence d’une pensée de la vulnérabilité dans nos sociétés contemporaines.

Chiara Pesaresi, Maître de conférences en philosophie à l’UCLy et Directrice scientifique de la Chaire d’Université Vulnérabilités

 À la fois condition anthropologique et sociétale, la vulnérabilité se situe à la croisée de l’intime et de l’institutionnel. 

Chiara PESARESI, Directrice scientifique de la Chaire d'Université Vulnérabilités

Depuis au moins 30 ans, le thème de la vulnérabilité a commencé à s’imposer, tant dans le discours public et politique, que dans le domaine académique, notamment des sciences humaines et sociales.  D’un côté, le thème s’impose au point de pouvoir parler d’un véritable “vulnerability turn” (Bernardini, Casalini, 2018) ; de l’autre côté, et malgré son succès, ce concept ne fait pas système ni consensus, notamment lorsqu’il s’agit de définir des individus ou groupes sociaux, avec des implications au plan politique et juridique.

 Une chose est sûre : la crise systémique qui traverse notre temps montre l’urgence de (re)penser la vulnérabilité comme un élément essentiel de nos existences et de nos sociétés. Ceci remet radicalement en cause, avant tout, l’idéal philosophique moderne de l’homme capable, affranchi des limites et des liens de dépendance.

 Au-delà de l’apologie moderne de l’homme capable, et en deçà de la rhétorique contemporaine de la fragilité, la vulnérabilité lance donc le défi d’une troisième voie, qui passe, il me semble par trois concept clés : reconnaissance, responsabilité et création.

S’il est peut-être impossible de donner une définition universelle et univoque de la vulnérabilité, il est nécessaire, voire urgent dans le contexte actuel, d’interroger cette notion dans sa pluralité intrinsèque, en mettant les savoirs à l’épreuve des défis sociétaux, économiques et politique de notre temps.

Les vulnérabilités représentent-elles simplement des défaillances de nos systèmes, ou bien elles ouvrent sur des nouveaux horizons herméneutiques et pratiques ? C’est la question et le défi que relève, il me semble, ce premier colloque de la Chaire Vulnérabilités : réinterroger les savoirs et les pratiques au prisme de la vulnérabilité, en évitant à la fois le piège d’une rhétorique apologétique et d’une approche paternaliste, et en remettant au centre notre tradition humaniste.